Maurice G. Dantec

Site officiel de Maurice G. Dantec

Écrivain nord-américain de langue française, 1959-2016

13 juin 1959 : Naissance à Grenoble (France).

1971-1974 : Élève au lycée Romain Rolland à Ivry-sur-Seine. Rencontre Jean-Bernard Pouy.

Années 1980 : Musicien et concepteur-rédacteur publicitaire.

1993 : Publication remarquée de son premier roman, La Sirène rouge (Gallimard, « Série noire »).

1995 : Séjour en ex-Yougoslavie.

1996 : Grand prix de l’Imaginaire et prix Rosny aîné pour Les Racines du mal (1995).

Depuis décembre 1998 : Réside à Montréal (Canada).

1999-2002 : Collaboration avec Richard Pinhas au projet Schizotrope.

2002 : Adaptation au cinéma de La Sirène rouge par Olivier Megaton.

2004 : Obtient la nationalité canadienne.

16 février 2004 : Baptisé catholique.

2004-2010 : Auteur chez Albin Michel.

2008 : Adaptation au cinéma de Babylon Babies par Mathieu Kassovitz.

2 avril 2011 : Choc septique majeur suivi de sept anesthésies générales lourdes, dont un coma artificiel.

27 août 2014 : Publication des Résidents chez Inculte.

25 juin 2016 : Décès des suites d’une crise cardiaque à son domicile.

4 juillet 2016 : Funérailles à l’église des Dominicains de Saint-Albert-le-Grand (Montréal, Québec, Canada). 

Martini – Le nazisme a été dévastateur en Europe. Le communisme, sous ses différentes dénominations (maoïstes, trotskistes, etc.), a été une effroyable imposture totalitaire sur plusieurs continents. L’islamisme qui se dresse et se braque contre l’Occident sera-t-il vaincu un jour?

Dantec – Ah! Évidemment, moi, en tant que chrétien, je crois que les bons gagnent à la fin. Mais cette fin, c’est quand? Ce n’est pas prévisible. Seul Dieu le sait précisément, la Sainte Trinité le sait. Au moment où l’on se parle, on n’est pas là-haut. C’est quand on est là-haut que l’on sait. On ne peut pas non plus manipuler l’Histoire humaine de là-haut. Dieu nous a fait libres. Ça, c’est une constante du christianisme, qu’on ne retrouve pas dans l’islam. Dieu nous a fait libres… Ça veut dire quoi? Que la liberté – qui a d’ailleurs la même étymologie que le mot «livre» (c’est peut-être pour cette raison que les écrivains comme moi se mobilisent quand on attaque la liberté) –, que la liberté, c’est aussi l’impossibilité de prévoir. Nous ne pouvons pas prévoir l’heure de notre mort ni même à quoi ressemblera la prochaine minute de notre vie. Et heureusement, heureusement! La vie serait intolérable si nous savions à l’avance tout ce qui va nous arriver. C’est vrai également pour l’écriture. On ne peut pas écrire décemment, je crois, si le livre est pré-écrit. Le livre est une forme de vie: c’est la vie des formes qui sont à l’intérieur. Soit la première phrase se déplie en toute liberté et l’œuvre surgit, soit le storyboard est tout tracé et le bouquin est mort-né.

Égards, entretien avec Patrick Dionne et Jean-Philippe Martini, 4 avril 2016.
La-Quatrieme-Guerre-mondiale-nous-est-declaree-Entretien-avec-Maurice-G.-Dantec-texte-integral-Egards

Boucher-Francois-Emmanuel-La-revue-Egards-et-la-pensee-reactionnaire-dans-le-21e-siecle-quebecois-2011

Laforest-Daniel-Considerations-sur-Les-racines-du-mal-de-Maurice-G.-Dantec-2001

Fermement installé de l’autre côté de l’’Atlantique, à Montréal, Maurice Dantec livre avec autant de verve des romans-polars SF (Babylone Babies, Les Racines du mal) que des journaux inclassables (Le Théâtre des Opérations) et e-tribunes sur l’’actualité (publiées sur Surlering.com). A l’’occasion de la sortie de son dernier roman, Cosmos Incorporated, il a fait un saut dans le microcosme médiatico-littéraire parisien. Parutions.com a pu rencontrer Maurice Dantec de manière plutôt informelle, à l’issue d’un dîner bien arrosé (de Coca-Cola) et a recueilli ses impressions d’un mois passé à se plier au jeu de la promotion !

Quels premiers échos avez-vous reçus de la part de vos lecteurs, notamment lors de la soirée du 10 septembre à la Cigale organisée par Ring ?

Maurice G. Dantec : De manière générale, le rapport aux lecteurs est à sens unique. J’ai peu d’échos, mis à part quelques courriers et ce qui remonte via David Kersan, mon agent. Lors de la rencontre à la Cigale, il y a eu beaucoup de questions sur le « junk ADN », le sujet de la conférence que j’ai animée avec mon ami Thierry Bardini. On appelle « junk ADN » les 97% de l’ADN qui sont non codants. Les chercheurs généticiens se disent qu’il n’est pas possible que la nature ait fabriqué 97% de bruit blanc ! Il y a aussi eu quelques échanges sur la kabbale ; bizarrement, les questions étaient plutôt pointues.

Quelles ont été vos impressions de la rentrée littéraire en France ?

Maurice G. Dantec : La rentrée littéraire m’intéresse peu ; je la trouve un peu pathétique. Je me suis rendu compte du manque d’intelligence, ou plutôt de véritable critique, mis à part quelques exceptions. Bizarrement, l’une des deux ou trois meilleures interviews que j’ai faites était avec deux jeunes garçons de Maximal, un magazine urbain, masculin. Ils avaient lu le livre, étaient motivés par la rencontre, ce n’était pas qu’un truc «people». Et ces pigistes avaient mieux compris le bouquin que le type du Monde des livres ! Que les vrais lecteurs viennent d’un journal masculin qui montre des filles à poil et non du Monde des livres, je ne m’y attendais pas… Il y a un problème dans le paysage critique français. Par exemple, des types de la presse littéraire disent que mon roman est infranchissable alors que mon neveu de 20 ans l’a très bien compris.

Estimez-vous écrire des romans difficiles ?

Maurice G. Dantec : Non, je sais que je n’écris pas des livres a priori faciles, mais ils ne sont pas a priori difficiles non plus. Je donne l’équipement nécessaire à mon lecteur, j’essaie de le faire grimper à des altitudes où l’air est plus pur. Il y a un côté vertical dans mes romans.

En tant que Français vivant à l’étranger, quelle impression avez-vous eue de la France lors de ce séjour ?

Maurice G. Dantec : Je reviens en France tous les deux ans à peu près et là, je trouve que la situation a empiré. Je vois une difficulté de vivre, entre les prix des loyers, l’absence de civisme, l’absence de respect entre les gens, l’auto-destruction de Paris par Paris… Tout a l’air d’être fait pour les rollers et les plagistes ! Bizarrement, en voulant rendre la ville plus cool, elle devient plus dure pour le Parisien lambda. La police est à la fois partout et nulle part, le métro c’est l’enfer, trouver un taxi passé une heure du matin, c’est impossible… Ca me choque parce que je vis dans une ville nord-américaine, donc sur un autre beat. Quand tu es client, c’est toi qui commandes et donc tu ne te fais pas insulter par les chauffeurs de taxi ou les serveurs.

Envisagez-vous un futur Paris aussi pollué et dur à vivre que la Conurb de vos romans ?

Maurice G. Dantec : Je vois la Conurb géante dans la banlieue avec un chancre mou au milieu qui s’auto-dévore plus ou moins. C’est assez pathétique. J’ai hâte de retourner à Montréal après un mois à Paris !

Quels sont vos projets littéraires ?

Maurice G. Dantec : La suite de Cosmos Incorporated est prévue pour le courant de l’été ou l’automne prochain, toujours chez Albin Michel. Le roman s’appellera Grande jonction et se déroulera une douzaine d’années plus tard, en 2069 – le centenaire de l’’alunissage d’’Armstrong, de la même manière que Cosmos Inc. se passait en 2057, le centenaire du lancement de Spoutnik.

Quel symbole représentent ces dates pour vous ?

Maurice G. Dantec : A cette date, la conquête spatiale sera terminée, la Terre et l’espace seront séparés. Il n’y aura plus moyen d’explorer l’espace, du moins pas de la manière que nous connaissons. Mais je me réserve la possibilité d’imaginer autre chose…

Un entretien avec Maurice G. Dantec. Propos recueillis par Andréa Davoust le 19 septembre 2005.

Bardini-Thierry-Variations-sur-linsignifiant-genetique-2004

Bardini-Thierry-Junkware-2011

DantecPinhasEntretien

L’Affaire Dantec, première partie

Dantec estime que son contrat a été signé alors qu’il était assommé par les psychotropes et la morphine, au sortir d’une année 2011 cauchemardesque : le 2 avril, il était effectivement admis à l’hôpital de Montréal pour un choc septique majeur et un double pneumothorax. « On me laissait entre une et deux heures de survie », raconte-t-il. S’ensuivent un coma artificiel d’une semaine, trois opérations, dont deux ratées, la pose et le retrait sous anesthésie générale d’un anus artificiel (on saura tout, grâce au Nouvel Observateur !), le traitement d’un glaucome ouvert, l’ablation d’un nodule au poumon et une embolie pulmonaire. A quoi il faut ajouter le Cypralex et le lithium qu’il prend, jusqu’en février 2012, pour contenir sa bipolarité.

« Fou à lier », « personnage insignifiant » : Dantec et Kersan se traitent aujourd’hui de tous les noms. Les bas-fonds du web regorgent soudain de rumeurs colportées par de mystérieux corbeaux : Kersan roulerait dans une Porsche achetée avec l’argent extorqué à Dantec, Dantec serait un plagiaire industriel. C’est la fin pathétique d’un duo qui se produisait à Paris depuis huit ans. En 2004, David Kersan, sulfureux Rastignac de 27 ans, sympathisant d’une extrême-droite farfelue qui se targue d’organiser des combats à mains nues, devient l’agent littéraire de Dantec. Celui-ci est chez Gallimard, mais ses déclarations de croisé en guerre contre l’islam et ses connexions, même ténues, avec un groupuscule identitaire provoquent la rupture.

L’Affaire Dantec, deuxième partie

Dantec aussi a l’impression de se réveiller d’un cauchemar. Son exil montréalais (depuis 1999) a été moins paisible qu’il ne l’admet. Il a multiplié les sorties médiatiques violemment islamophobes. Dans son quartier huppé du Mont-Royal, il est le célèbre Français agressif qui apostrophe les gens dans la rue et se prend pour la réincarnation de saint Dominique. La police canadienne confirme qu’il n’est pas un piéton tranquille, évoquant par exemple une trouble bagarre, en novembre 2010, et une plainte déposée par un Dantec gravement blessé.

artefact

”Toute son énergie est orientée vers la polémique, dans le but de maintenir la couverture médiatique (Parlez en bien, parlez en mal, mais parlez de moi. Vieil adage du showbiz !). Son talent, c’est de scanner compulsivement les idéologies moribondes du 20ème siècle. Une vieille technique de rhétorique (abondamment employée par Bizot) qui permet de se forger une aura de prophète futuriste à moindre frais. Le pseudo ‘complot’ contre son génie ourdi par l’ennemi gauche-caviar (qui l’a au demeurant sorti du ruisseau et abondamment soutenu en début de carrière) pourrait n’être qu’une invention pure et simple conçue pour régler les comptes du Papa résistant communiste qui n’avait pas eu sa part du gâteau miterrandien.


Le feu et l’acier de l’Apocalypse selon Druillet

En 2000, il me propose la rédaction d’un essai théorique à trois mains, résultat de nos nombreuses discussions autour des enjeux de la littérature, de l’art et de la technologie pour le nouveau millénaire, en collaboration avec un autre ami, professeur à l’université de Montréal, Thierry Bardini. Il part pour la France avec nos notes, puis dépose le projet… à son nom chez Gallimard, tout en nous disant ‘qu’ils n’étaient pas intéressés’. Renouant avec ses bonnes vieilles habitudes du temps d’Artefact ou il s’attribuait tout le bénéfice de notre travail commun ! C’est la goutte qui fait déborder le vase, car j’ai maintes fois (je n’en ferai pas la liste exhaustive ici) bossé pour lui, pour me retrouver payé à coups de pieds au cul. La ‘méthode Dantec’ est assez simple : utiliser systématiquement les conversations informelles avec ses ‘amis’ en jouant l’avocat du diable, pour avoir tout loisir d’y prendre ce qui l’intéresse, et de se l’approprier. Mais j’en ai maintenant plus qu’assez de voir mes réflexions paraitre sous son estampille. Si j’avais pris du plaisir à lui donner ce qui constitue la sève des romans de sa période cyber, continuer à le fréquenter reviendrait à me tirer maintenant dans le pied, puisque je suis maintenant, moi aussi, un auteur publié. De plus, mécontent que je puisse ‘oser’ critiquer son comportement vampirique auprès de mes amis, il commence à me menacer. Moi qui l’ai soutenu pendant son ascension vers le succès, il me remercie par un renvoi d’ascenseur… dans la gueule ! Il se pavane avec sa petite cour de lèche-bottes, son émolument mensuel de 6000 euros, et vient me chier dessus sans vergogne.

Par pur égotisme, venant de se couper de sa principale source de réflexion techno-artistique (moi), il renie maintenant sa période ‘cyber’ pour se consacrer à la métaphysique, terme pompeux exprimant le fait qu’il est un des rares auteurs gaulois à sortir du cartésianisme étroit, ou du freudo-marxisme des intellos de St-Germain.
Un ami réalisateur français que je lui avait présenté, Yann Langevin, a réalisé un documentaire datant de cette période. Au cours de la préparation du film, je préviens Yann que Dantec est en train de péter les plombs. Le résultat est assez pitoyable. On y voit un Dantec dévoré par son vide intérieur, pérorer sur des clichés catastrophistes ou tirer compulsivement sur son joint face à une webcam.


A ce moment, la plupart des journalistes sont encore subjugués par ses impostures (ou ses postures ?), mais un ami écrivain québécois, Michael LaChance me propose d’écrire la critique du journal métaphysique fraichement paru, ce ‘Théatre des Opérations’ qui se trouve être le projet auquel Dantec m’avait proposé de participer. Après mûre reflexion, je décide -malgré les risques- d’ouvrir le bal pour le remettre à sa place. Ce travail fut déplaisant (qui a vraiment lu ces 800 pages ?), mais le résultat libérateur. Connaissant ses ficelles par coeur, ma critique va directement à l’essentiel, et fait bien plus mal que celles de bien des journalistes qui ne savent pas de quoi ils parlent.

Rédigé par Riton V., alias Eric Vennetilli. artefact.band.free.fr

Anar de droite : Maurice G. Dantec

ll y avait surtout chez cet enfant de la banlieue rouge, aussi frêle et maigre que sa voix était forte et qui dissimulait derrière des lunettes noires un flot de larmes intérieures, une constante recherche de l’autorité suprême, de la finalité absolue qui expliquerait tout cet absurde qu’on nomme l’existence. Ses héros sont crédibles parce qu’ils sont les prolongements à peine déformés de ce que nous voyons aujourd’hui. Nanotechnologie, manipulations génétiques, visite sur Mars, tourisme spatial à la sauce Virgin… 

https://images.leslibraires.ca/books/9782840497288/front/9782840497288_large.jpg

Samuel Estier : Maurice G. Dantec pour les nuls

Juan Asensio : Prodiges et outrances d‘Hubert Artus, quand l’œil du crétin est dans votre tombe