ci-dessus: Attentat du CLODO contre une sociĂ©tĂ© d’informatique de Toulouse, le 9 avril 1980.
Comité pour la liquidation ou la destruction des ordinateurs
La nuit du 5 avril 1980, Ă Toulouse, les locaux de la sociĂ©tĂ© Phillips Informatique sont en feu. Trois jours plus tard, on signale un incendie Ă la compagnie dâinformatique C.I.I.-Honeywell-Bull. Le procĂ©dĂ© est rudimentaire : ordinateurs, fichiers et documents ont Ă©tĂ© entassĂ©s dans le hall et brĂ»lĂ©s. Le 10 avril, câest-Ă -dire le lendemain de lâincendie de la CII, une fausse alerte Ă la bombe nĂ©cessite lâĂ©vacuation des locaux dâIBM, Ă Toulouse. On fait des rapprochements avec un attentat qui avait visĂ© lâancien siĂšge de DATA Systems le 24 novembre 1977âŠ
Tous ces attentats sont revendiquĂ©s par le Clodo, ComitĂ© pour la liquidation ou le dĂ©tournement des ordinateurs, dont les participants nâont jamais Ă©tĂ© dĂ©masquĂ©s. Ils sont Ă©galement Ă lâorigine de lâincendie de la sociĂ©tĂ© International Computers Limited en mai 1980 et celui de CAP-SOGETI en septembre, au moment du SICOB, le grand salon parisien de lâinformatique. En janvier 1983, ils font exploser le Centre informatique de la PrĂ©fecture de Haute-Garonne avec trois charges dâexplosifs et, plus tard cette annĂ©e-lĂ , occasionneront de sĂ©rieux dĂ©gĂąts aux sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines Speery Univac Ordinateurs et National Cash Register, toujours dans les environs de Toulouse.
ter_n16_article1_p3-5We are computer workers and therefore well placed to know the present and future dangers of computer systems. Computers are the favorite tool of the powerful. They are used to classify, to exploit, to put on file, to control, and to repress.
Faced with the tools of those in power, dominated people have always used sabotage or subversion. Itâs neither retrograde nor novel. Looking at the past, we see only slavery and dehumanization, unless we go back to certain so-called primitive societies. We are essentially attacking what these tools lead to: files, surveillance by means of badges and cards, instruments of profit maximization for the bosses and of accelerated pauperization for those who are rejected…
By our actions we have wanted to underline the material nature of the computer tools on the one hand, and on the other, the destiny of domination which has been conferred on it. Finally, though what we do is primarily propaganda through action, we also know that the damage we cause leads to setbacks and substantial delays.
CLODO, the Computer Liquidation & Hijacking Committee
PLANETELABORATOIREn4Le CLODO, une rĂ©sistance locale Ă lâinformatisation. Atelier donnĂ© en 2011 par CĂ©lia Izoard.
Activiste, journaliste et traductrice, elle propose une nouvelle version de 1984 de George Orwell publiée à Montréal en 2019.
Je trouve essentiel qu’un roman tel que 1984 soit publiĂ© par des maisons dâĂ©dition indĂ©pendantes, au QuĂ©bec comme en France. Ătant donnĂ© lâengagement d’Orwell pour la libertĂ© intellectuelle et contre lâoligarchie, c’Ă©tait un Ă©norme contresens politique que l’Ă©dition française 1984 reste entre les mains d’un grand groupe qui concentre un tel pouvoir Ă©conomique. Rappelons quâune partie du capital de Madrigall, la holding de Gallimard, appartient au gĂ©ant du luxe LVMH, la cinquiĂšme entreprise la plus riche de France, qui dĂ©pense prĂšs de 5 milliards dâeuros par an en publicitĂ©.
CĂ©lia Izoard Ă Sylvano Santini pour la revue Spirale, 2019
Lâaction directe contre lâinformatisation (1960-1990)
”Or, ce quâon oublie souvent, câest que ces craintes exprimĂ©es Ă lâendroit des hackers sâinscrivent dans le contexte dâune longue sĂ©rie de sabotages et de destructions physiques dâĂ©quipements informatiques par des groupes associĂ©s Ă la gauche radicale. En France, les travaux de Celia Izoard sur les rĂ©sistances Ă lâinformatisation ont par exemple permis de sortir des oubliettes le groupe toulousain du CLODO. Ce « ComitĂ© pour la libĂ©ration ou le dĂ©tournement des ordinateurs » fut responsable de plusieurs incendies et explosions visant des fleurons du secteur informatique et des administrations publiques entre 1980 et 1983.
Mais les actions du CLODO ne sont pas isolĂ©es. Elles sâinscrivent dans un contexte beaucoup plus gĂ©nĂ©ral oĂč, depuis depuis les annĂ©es 1960, lâ« action directe » pratiquĂ©e par certains militants prend rĂ©guliĂšrement pour cible les centres informatiques de grandes entreprises ou dâinstitutions liĂ©es au complexe militaro-industriel (voir les exemples ci-dessous). Pendant des annĂ©es, ces destructions matĂ©rielles ont rythmĂ© lâactualitĂ© (des sources Ă©voquent de lâordre de deux-cent opĂ©rations de ce type sur une vingtaine dâannĂ©es), et il est probable quâelles aient eu une influence dĂ©terminante sur des formes de sabotage moins violentes et plus « situĂ©es » (par exemple les travailleurs sabotant leur outil de travail informatique), et plus largement sur les multiples formes de rĂ©sistance Ă lâinformatisation qui se font jour Ă lâĂ©poque (rĂ©sistances qui, prises ensemble, dominent assez largement lâapprĂ©hension gĂ©nĂ©rale de cette technologie dans la sociĂ©tĂ©, au moins jusquâĂ la toute fin des annĂ©es 1970, avant que lâopinion nâaccepte finalement lâidĂ©e que lâinformatisation puisse constituer un processus positif). Et pourtant, moins dâun demi-siĂšcle plus tard, ces oppositions radicales Ă lâinformatique sont passĂ©es Ă la trappe de lâhistoire.”
« La défense du projet émancipateur lié à Internet a échoué »
Treguer_Illegalismes-hackers_AFSPLe petit livre de Celia Izoard, composĂ© de plusieurs textes sous forme notamment, de lettre Ă des ingĂ©nieurs, brille par sa simplicitĂ©. Dâune plume faussement naĂŻve, la journaliste questionne ceux qui façonnent les outils « du futur » â robots, logiciels â Ă propos de leur responsabilitĂ© vis-Ă -vis du reste de le sociĂ©tĂ©. Sans moralisme, ni accusations mal placĂ©es, elle les appelle Ă se rĂ©veiller.
Le premier texte dâIzoard, et aussi le plus long, sâadresse aux ingĂ©nieurs qui travaillent sur le vĂ©hicule autonome, quâil soit utilisĂ© Ă titre individuel ou collectif. VoilĂ dĂ©jĂ plusieurs annĂ©es que cet avenir de la mobilitĂ© â un parmi dâautres â est au centre de nombreux et passionnants questionnements. Cependant, la voiture autonome ne fait fondamentalement pas dĂ©bat, pas au sens politique en tout cas « car la technologie nâest pas censĂ©e ĂȘtre politique », ironise lâautrice. Sa dĂ©marche â sâadresser Ă des ingĂ©nieurs â a cela dâutile et dâoriginal quâelle vise Ă toucher ceux qui sont au cĆur de rĂ©acteur, sans doute Ă dĂ©faut de pouvoir toucher le systĂšme Ă©conomique et ses logiques dans son ensemble.
« Aujourdâhui, vous mettez tout ce qui fait de vous des gens vivants et en mouvement au service de ce projet-lĂ (âŠ) Câest vous qui faites le boulot, et qui pourriez choisir de ne pas le faire. » Izoard, maligne, ne se contente pas de susciter le doute, mais bien de lâalimenter, chemin faisant, de ses propres inquiĂ©tudes concernant de tels vĂ©hicules.
InquiĂ©tudes sociales dâabord : Ă quoi sert vraiment le vĂ©hicule autonome â au-delĂ des vertus quâon lui prĂȘte sans preuves â sinon Ă rĂ©duire le coĂ»t de la force de travail ? Est-ce pour limiter le nombre dâaccidents par exemple, quâUber dĂ©pense 20 millions de dollars par mois dans son dĂ©veloppement ? « Si câest ça le progrĂšs, alors le progrĂšs est manifestement le nom quâon donne au bon vouloir des milliardaires de la Silicon Valley, que les technocrates de tous les pays semblent retranscrire fiĂ©vreusement en politiques nationales dans la minute, de peur de rater une marche sur lâescalier de la croissance »
En Europe, des centaines de millions dâeuros dâargent public font les choux gras dâune industrie automobile en quĂȘte de dĂ©bouchĂ©s Ă©conomiques. Peu sâinterrogent cependant sur les effets directs quâauraient ces projets sur lâurbanisme, la standardisation des routes, des villes, le dĂ©ploiement de capteurs par millions afin de rendre ces environnements lisibles et explicites pour des robots⊠Sans parler de la quantitĂ© de donnĂ©es rĂ©cupĂ©rĂ©es au passage. Pourquoi une telle prioritĂ© dans les investissements ? « Pourquoi la premiĂšre urgence serait-elle de faire rouler des vĂ©hicules sans conducteur ? »
En effet, les vertus Ă©cologiques ou en terme de dĂ©carbonation de la mobilitĂ© ont de quoi faire douter. Izoard demande : « comment le principe mĂȘme de remplacer un conducteur ou une conductrice, qui nâa besoin pour conduire que de son propre corps, par des milliers de capteurs, camĂ©ras, lidars, batteries, processeurs, data centers pourrait ĂȘtre une rĂ©ponse Ă©cologique. » La voiture autonome risque en effet de susciter un certain nombre dâeffets rebond. Non seulement lâĂ©lectronique embarquĂ© nâest pas neutre, ni du point de vue des ressources, ni de celui de la durĂ©e du vĂ©hicule, mais le nombre de trajets risque dâaugmenter avec la facilitĂ© dâaccĂ©der Ă des vĂ©hicules Ă la demande. Ainsi, une Ă©quipe de lâuniversitĂ© de Berkeley a offert Ă plusieurs familles le service dâune voiture avec chauffeur soixante heures par semaine. « Cela permettait de simuler le confort apportĂ© par un vĂ©hicule autonome, capable de se conduire et dâaller se garer tout seul. RĂ©sultat : les distances parcourues par ces familles ont augmentĂ© de plus de 80% ! »
Quant au nombre de morts potentiellement Ă©vitĂ©s, argument philanthropique sâil en est, Izoard nây croit pas une seconde. Pour elle, sĂ©curiser la route peut passer par dâautres moyens, comme multiplier les amĂ©nagements paysagers qui obligent Ă ralentir, ou encore les passages piĂ©ton. En dĂ©finitive, lâautrice prĂ©vient ses lecteurs : le vĂ©hicule autonome ne fait que remettre Ă plus tard des dĂ©cisions urgentes, et à « phagocyter toute rĂ©flexion pratique sur les politiques de transport en commun. »
Sa vraie utilitĂ© reste dâĂ©conomiser sur la main dâĆuvre, de soutenir un trafic croissant de camions, sans pour autant dĂ©senclaver le pĂ©riurbain ou soi-disant aider les personnes ĂągĂ©es Ă se dĂ©placer. CĂŽtĂ© emploi, il nây aurait pas grand-chose Ă y gagner souligne-t-elle, Ă part prolonger un mouvement dâautomatisation qui risque de laisser un certain nombre de travailleurs sur le bas-cĂŽtĂ©. A-t-on envie de supprimer le travail de ceux qui conduisent ? « RĂ©ussir Ă emmener 50 personnes Ă bon port en toute sĂ©curitĂ©, câest un mĂ©tier. RĂ©gler les conflits dans un bus, renseigner les gens perdus, rĂ©agir au panel de situations hautement improbables qui peuvent survenir dans le cours dâune journĂ©e, câest un mĂ©tier » Un mĂ©tier ici rĂ©duit Ă sa dimension instrumentale â conduire â au dĂ©triment de toute une classe de travailleurs, humiliĂ©s par une autre classe de professionnels pour booster les profits de quelques multinationales. Acerbe, la journaliste avertit ses lecteurs ingĂ©nieurs : « la technologie que vous dĂ©veloppez est lâinstrument dâune guerre de classes. Une guerre silencieuse dans laquelle la bourgeoisie entrepreneuriale du numĂ©rique oeuvre, le plus souvent sans sâen rendre compte et en toute bonne conscience, contre la majoritĂ© des travailleurs et travailleuses. »
Les portes de sorties sont pourtant nombreuses, ne manque-t-elle pas de rappeler. Les ingĂ©nieurs qui font sĂ©cession sont nombreux (le livre termine avec une interview de lâun dâentre eux), et les projets alternatifs fleurissent, de lâAtelier Paysan (coopĂ©rative qui aide les agriculteurs Ă fabriquer de machines et de bĂątiments adaptĂ©s Ă une agroĂ©cologie paysanne), aux initiatives plus localisĂ©es, comme ce « bus scolaire Ă pĂ©dale » expĂ©rimentĂ© Ă Rouen pour le ramassage scolaire.
Dans la lignĂ©e de cette premiĂšre lettre, deux textes suivent et sâadressent respectivement Ă Philippe SouĂšres et Jean-Paul Laumond, tous deux directeurs de recherche en robotique au Laas-CNRS. Sur un mĂȘme ton, Izoard interroge ces roboticiens et leur volontĂ© de faire entrer des robots chez les personnes ĂągĂ©es, dans les hypermarchĂ©s (pour remplacer les caissiĂšres), ou encore dans les entrepĂŽts. Quel sera lâimpact sur ces travailleurs ? Cette quĂȘte dâautomates est-elle exprimĂ©e par « la sociĂ©tĂ© », comme le prĂ©tendent parfois leurs concepteurs, ou par « des sociĂ©tĂ©s », celles pour qui ils travaillent et qui les financent ? Se rendent-ils seulement compte des implications sociales de leurs inventions ? En rĂ©-encastrant lâautomatisation du travail dans un conflit de classe, Izoard rappelle ce qui est malheureusement trop souvent vrai : « la capacitĂ© dâun chercheur Ă penser lâimpact concret des technologies sur la vie des gens est proportionnelle aux distances sociales et physiques qui les sĂ©parent. » Ainsi, on ne sâinterroge pas sur le nouveau rĂŽle dĂ©volu aux assistantes Ă domiciles, qui devront ajouter Ă leurs trajets non payĂ©s et Ă leur rĂ©munĂ©ration dĂ©risoire, le soin de veiller Ă ce que les robots pour personnes ĂągĂ©es ne buggent pas. Tout comme nous nâinterrogeons que trop peu la façon dont Ă©volue le mĂ©tier de caissiĂšre au contact des caisses automatiques, ou encore la capacitĂ© de tels objets Ă remettre sur la table le travail le dimanche et le travail de nuit.
La fin du travail quant Ă elle, se fait toujours attendre. A chaque gĂ©nĂ©ration de machines, on prĂ©tend dĂ©gager les travailleurs des effets nĂ©fastes suscitĂ©s par les machines prĂ©cĂ©dentes⊠« Quand admettra-t-on que lâautomatisation totale nâest pas prĂšs dâexister, quâil y aura longtemps de pauvres larbins coincĂ©s entre les machines dâhier et celles de demain ? Que le mythe des robots qui travailleront Ă notre place nâest que lâhorizon en perpĂ©tuelle dĂ©robade qui permet de rendre tolĂ©rable aujourdâhui la dĂ©gradation du travail humain par les machines ? »
Sans dĂ©tour, le livre de CĂ©lia Izoard est punchy, rĂ©ussi. Il laisse ouvertes certes, de grandes questions relatives au type de management dans les entreprises, qui joue pour beaucoup dans la conception et les conditions dâappropriation des outils. Il me semble nĂ©anmoins que lâessai a le mĂ©rite de ne pas cĂ©der Ă une forme de rejet du progrĂšs technique sans concession â qui peut avoir son intĂ©rĂȘt mais dans dâautres contextes, auprĂšs dâautres lecteurs. Jâai particuliĂšrement aimĂ© les rappels sociologiques, sur la rĂ©alitĂ© du travail, du quotidien, de la vie des gens. Un effort que nous avons aussi voulu faire dans « Technologies partout, dĂ©mocratie nulle part » en donnant Ă voir concrĂštement ce quâest lâautomatisation dâune caisse dans un supermarchĂ©. De ce point de vue, je vois une belle complĂ©mentaritĂ© entre nos essais. Izoard vise juste, prĂ©cisĂ©ment parce quâelle nâenjoint pas les ingĂ©nieurs Ă tout abandonner, mais bien Ă interroger leurs pratiques, et leur Ă©thique. Elle les sensibilise Ă des questions sociales, Ă©cologiques, Ă©conomiques, et donc tout simplement politiques. Ceux-lĂ ne ressortiront pas indemnes dâune telle lecture. A offrir donc, Ă tous vos copains ingĂ©nieurs â quâon aime bien quand mĂȘme.
Par IrĂ©nĂ©e RĂ©gnauld dans Mais oĂč va le web ? le 13 octobre 2020
Entretien de CĂ©lia Izoard avec la Revue Z
L’histoire du C.L.O.D.O. est bizarrement trĂšs peu connue. C’est une confĂ©rence lors du THSF en 2015, suivi d’une exposition l’annĂ©e suivante qui nous a donnĂ© envie de rouvrir ce dossier. Et plus exactement de recevoir la personne qui s’est le plus replongĂ©e dedans.
Nous recevons donc aujourd’hui CĂ©lia Izoard :
- Journaliste indépendante
- Contributrice Ă la Revue Z
- Traductrice d’ouvrages critiques sur la technologie
- DĂ©favorablement connue des services de police
Usbek & Rica : L’incendie de la Casemate est bien une action politique
Dans la nuit du 20 au 21 novembre 2017, la Casemate de Grenoble, qui abrite lâun des principaux fablabs de France, a Ă©tĂ© incendiĂ©e.
Foxconn, en Chine, fabrique des plaisirs modernes : iPhone, Kindle et PlayStation. Le fondateur du groupe lâaffirme : «Un dirigeant doit avoir le courage dâĂȘtre un dictateur quand câest pour le bien de tous.» Mais, en 2010, une vague de suicides signale au monde le dĂ©sespoir Ă lâĆuvre dans ces ateliers, comme Ă Shenzhen Longhua, oĂč un ouvrier est payĂ© 500 euros par mois pour soixante heures de travail par semaine. Lâouvrage, qui inaugure la collection «Cent mille signes», donne Ă lire trois textes : le portrait par une sociologue dâune ouvriĂšre qui a survĂ©cu Ă sa tentative de suicide; le tĂ©moignage de Yang, un Ă©tudiant qui travaillait chez Foxconn; et les poĂšmes de Xu Lizhi, qui sâest tuĂ© en 2014, Ă 24 ans, pour ne pas Ă©prouver le bonheur dâĂȘtre soumis : «Jâai avalĂ© une lune de fer quâils appellent une vis (âŠ), avalĂ© la vie couverte de rouille. Je ne peux plus avaler.» En hommage, son collĂšgue Zhou Qizao lui Ă©crira ces quelques mots : «Une autre vis sâest desserrĂ©e, un autre frĂšre du travail migrant se jette du bĂątiment.»
Christophe Goby, Le Monde diplomatique, 2016.
Prologue-to-the-use-of-machinesLa_guerre_high-tech-le-nettoyage-par-le-vide
Boucher-Romain-Dun-peu-de-lucidite-sur-les-ravages-du-techno-liberalisme-2020
Breaking Things at Work is an innovative rethinking of labour and machines, leaping from textile mills to algorithms, from existentially threatened knife cutters of rural Germany to surveillance-evading truckers driving across the continental United States. Mueller argues that the future stability and empowerment of working-class movements will depend on subverting these technologies and preventing their spread wherever possible. The task is intimidating, but the seeds of this resistance are already present in the neo-Luddite efforts of hackers, pirates, and dark web users who are challenging surveillance and control, often through older systems of communication technology. (Verso Books)
Fully decelerated carbon neutral luddism. A Roundtable pt. 1
”When we consider Google employees not working on particular projects for the military or hackers refitting devices to serve alternative purposes, we are in the realm of people being selective and discerning about how technology is put to use and mindful of whose interests it serves.
What is left curiously ambiguous is what precisely is meant by the term âtechnologyâ. Computers, smart phones and Amazon wristbands that track workers are all technology, but so too are books, tools and William Morrisâ arsenic-laden wallpaper. Sometimes the term âcapitalist technologyâ is used when the author is referring to the development of the means of production, while at other points, it refers to a regime of workplace discipline, particular types of equipment within factories or computers and software. The real target of most of the book is not technical devices but systems of labour management.”
Nos voitures dorment en bas
Comme des bébés
Et la Soul Music traĂźne
Sur la bande F.M.
Il n’reste que du brouillard sur les chaĂźnes de tĂ©lĂ©
Y a quelque chose entre nous
Quelque chose qu’on aime
Mais si tu veux me dire
Ce que tes yeux veulent me dire
Je t’en prie, n’attends pas la fin de la nuit
DĂ©branche
DĂ©branche
Coupe la lumiĂšre et coupe le son
DĂ©branche
DĂ©branche tout
Débranche, débranche, débranche tout
Revenons Ă nous
DĂ©branche tout
Le monde tient Ă un fil
Moi je tiens Ă mon rĂȘve
Rester maĂźtre du temps
Et des ordinateurs
Retrouvons-nous d’un coup au temps d’Adam et Ăve
Coupe les machines Ă rĂȘves
Ăcoute parler mon cĆur
Si tu veux m’entendre dire
Ce que mes yeux veulent te dire
Je t’en prie, n’attends pas la fin de la nuit
DĂ©branche
DĂ©branche
Coupe la lumiĂšre et coupe le son
DĂ©branche
DĂ©branche tout
Débranche, débranche, débranche tout
Revenons Ă nous
DĂ©branche tout
DĂ©branche
DĂ©branche
DĂ©branche tout
DĂ©branche-toi
DĂ©branche tout
DĂ©branche
DĂ©branche
DĂ©branche tout
DĂ©branche tout
Paroles de Michel Berger pour France Gall, 1984